èpola, ‑aou‑, é‑ Vd 10, 16, 20‑22, 23a (et ‑òou‑), 24, 63, 68 (‑o‑), 6 Mont‑la‑V., 73, 91 Gch., Br., Dum., Cont., F 10, 40, 44 (‑ Gch.), 56, ‑āla 10 Tabl., 12‑14, 16, 17, 21, 22, 50 Jj. (‑l Gch.), 51, 53, 61, ‑‑, ‑ṑ‑ Vd 85, 91 Jj., F 45, 63, ‑o‑ Vd 20 var., Br., ‑ó‑ 21 var., epoula V 73, 84, epoœla Vd 12 Jj., ə‑ 14 corr. (‑ṑé‑ Ja.), èpula, ‑œu‑, é‑ 12 Tp. (→ ‑‑), 51 (et ‑u‑, ‑ùu‑), 54, V 15, 18, 23, 30‑33, 40 corr., 41, 42, 43, 45, 4 Ba., ‑la 22, 40 Besse, 50, ‑la Vd 5 Aub. («‑e»), 70, 80 Tabl. (pl. épyūlé Tp. sens 1o), N 13, 22, Jaq., èpl, ‑l, ‑‑, ‑‑, é‑, ḗ‑ 40, 51 (et ‑rl), B 20 (‑œul), 22, 24, 25, 31‑33, J 4‑6 passim, ‑ul B 13, èpou()a, ë‑ V 60, ‑·a 51, ‑u·a 53 (pl. ‑yè var.), 55, ‑œuva 46, 47, ‑ūva 36, èfoula, é‑, ë‑ 71, 75, 76, 7 Hér. Bodmer, 83 Tabl., 86, 88, 89, ‑l pl. 8 Ann. Bodmer. Anc. espoula(z), ‑e Vd 1397‑1471, F 1424‑1467, epoules pl. V 71 1754, 1756, N 1451, epaula 1740, epole Vd 7 1476, e(s)peule N 1647, 1671 (‑eulle), 1682, B 2 1682, J 6 1559, 5 1713‑1725, efula V 61 1764; lat. spoula Vd 4 1435. Fr. épiule Vd 4 Gauthey. — Tabl. 129; Bodmer, Spinnen u. Weben, 71; Jolidon, mat. ms.; ALF 140 (Vd 24).
‖ S. f. 1o Bobine. 1. Cannette, bout de roseau (Vd Dum.) ou petit cylindre de bois contenu dans la navette du tisserand et autour duquel est enroulé le fil de trame (Vd spor., Bas‑V sauf Bagnes, V Est passim, F passim, N Montal., C.‑aux‑F., Sav.; anc. V Hérém.); synon. boublyə 1o 4, cannette 2o 2, èpòlta 1o 1 et sous bobine 1o 3. Férə èz [les] ëpvë (V Isér.; var. Sav., Hér. et Ann. Bodmer), inpli liz épulè (V Trient), remplir les cannettes avec la bobineuse. «Un burgo pour les epoules» (V Hérém. 1754. Reg. not. M 2/35. AC), «un bourgo des epoules» (ib. 1756. M 2/37), une bobineuse; cf. bourg 3o, brgo 1o 3 (avec fig.). 2. Bobine (J Mett.) ou grande bobine placée sur l’ourdissoir (Vd Étiv., F Grandv., Charm., J Vermes, Vicques, Sépr.); synon. bobine 1o 3, boublyə 1o 3. Grōs [grande] ḗpl, ptét [petite] ḗpl (J Mett.); cf. èpòlta 1o 2. Fḕr lḗz ḗpl, remplir les bobines pour ourdir (ib.). 3. Bobine du rouet (Vd P.‑d’E., Br., V Liddes Ba., F Montb., Vill.‑s.‑M., Grandv., Gru., J Vicques, Sépr., Mett.), appelée aussi ptyoud [petite] époula (Vd Roug. Usteri, 46 n. 1); synon. bobine 1o 2, boublyə 1o 2, fu, fuz; voir fig. Gl. I, 222 a et II, 658 (détail 6). ‖ Fil qui remplit la bobine (J Mett.): L’ḗpl s’ébəl, le fil de la bobine s’embrouille. 4. Bobine, sans précisions (V Lourt., F Magn., J spor.; anc. F XVe s.). «Pour une espoule de fil d’or de laquelle on a mellioré la chappe» (F 1461/62. Comptes St‑Nicolas, 44. AC).
2o Par ext. 1. Fuseau (Vd Sent.). 2. Navette de tisserand (J Bonf. et Vendlincourt Rossat). 3. Épinglier du rouet (F Ch.‑St‑D.); synon. sous épinette. Chacune des deux branches de l’épinglier (Vd Roug. Usteri, 46 n. 1); synon. ailette 6o 3 (avec fig.). 4. Sens difficile à préciser dans: «Pro emptione unius spoule seu espoula [axe? roue à gorge?] ferri posita in catella [poulie] bechie [grue] turris» (Vd Aubonne 1435. Comptes, D 3. Ac).
3o Nom donné à divers objets en forme de tuyaux. 1. Tige creuse de certaines plantes (V Praz‑de‑F., J Épauv.). Liz épulè du tsènèvə, les tiges du chanvre (V Praz‑de‑F.); cf. Gerig, Hanf, 12 (transcription à corriger). ‖ Morceau de tige de céréale, chaume (Vd Sent., Chenit, J Épauv.). Bot. Berce, Heracleum Sphondylium L. (V Sembr. Besse). 2. Chalumeau, paille, roseau, morceau de tige d’ombellifère, etc., utilisés pour aspirer un liquide, pour soutirer du vin par la bonde d’un tonneau (Vd V. de Joux, Dum., Cont., V Fully, Châble, Cham., Miège; fr. rég. Vd Côte Gauthey); tuyau de métal ou de caoutchouc servant au même usage (Vd Villen., V Miège; fr. rég. Vd Côte Gauthey). Y a de veïn dedin ò bòsë, alā keri ona épuva sə v in vude agòtā, il y a du vin dans le tonneau, allez chercher un chalumeau si vous désirez y goûter (V Châble). «Adon mè lulus vont queri on nounou po férè on épâola, doûton lo bondon, einfaton lo fétu dedein et lè vaite‑lé à cambeyon su lo bossaton, que fîfon què [comme] dâi sorciers ...», alors mes gaillards vont chercher un roseau pour faire un chalumeau, ils enlèvent le bondon, enfilent la tige dans le trou, et les voilà à califourchon sur le tonneau qui pompent tant qu’ils peuvent (Vd Cont. 1877, 4). «Ein guise d’épâola, priront ’na botolhie d’édhie dè Cologne», en guise d’è., ils prirent une bouteille d’eau de Cologne, après en avoir ôté le fond (ib. 1883, 13). On gnḥlyè lè pesblyè avè ou·n épula, on gonfle les vessies avec une è. (Vd Chenit). 3. Bonde de fermentation, sorte de longue cheville percée ou tuyau de bois mis à la place du bondon ordinaire d’un tonneau pendant la fermentation (V Maréc., Finh., Charr., Sembr., Liddes, Châble, Entr. Ba.); synon. bonde percée (sous bonde 1o), pipe, pompe. 4. Cannelle de tonneau, de cuve, auj. surtout de cuvier à lessive (J passim; anc. N); synon. boîte 3o, gəlyta, poulet. «Emit quatuor epoules ... ad ponendum in dictis cuvis [cuves à vin]» (N 1451. Musée hist. Neuch. et Val. II, 95). Botḕ in·n épl an·n ïn tyuvla, mettre une cannelle à un petit cuvier (J Charm.). D’un grand buveur: Èl émondurḕ bïn in·n épl! il arriverait bien à suivre le débit d’une cannelle! (ib.). ‖ Fausset, cheville pour boucher le trou fait à un tonneau (J Épauv.); synon. cheville 4o 1, gəlyn. ‖ Fig. Membre viril (J Épauv., Charm.). Kètch [cache] ton·n épl! (J Charm.). 5. Partie du cuvier à lessive dans laquelle se glisse le bâton servant de bonde: tube de métal (J Dev.), pièce de bois rapportée (J Charm., Cœuve), ou douve plus épaisse creusée dans sa longueur (J Sépr., Aj. Va.); cette douve est appelée aussi: douv a épl (B Plagne), douv d’ḗpl (J Épauv.); synon. boîte 3o fin (définition à préciser), douille, épinette. Bāton d l’épl, bâton qui se glisse dans cette douve (J Sépr.); synon. anpoul 2o, bâton 1o 5, bouchon 2, 3o, canne 1, 1o 4, cheville 4o 3. ‖ Par ext. Épl, bâton servant de bonde qui se glisse dans la douv d’ḗpl (J Épauv.). ‖ Bouchon allongé en bois pour fermer le trou d’écoulement du bassin de la fontaine (J Épauv.); synon. cheville 4o 4. 6. Tuyau d’alambic: «Un efula de couvre [cuivre] pour la ditte zudyre [cf. chaudière 4o]» (V Arbaz 1764. Not. E.‑E. Torrent, CM 9, 31. AC). 7. Tube mince prolongeant le goulot d’un flacon (J Épauv.). 8. Goulot d’un récipient: «Quattre potz comprins celuy qui a l’espeule» (N Val. 1647. Not. D. Perregaux, II, 131. AC). ‖ «Arrosoir» (V Premploz Tp.). 9. Canule à lavement (V Lourt.). 10. Tube terminant un entonnoir (anc. V, F). «Ung enbossiours nuef atot l’espoula» (F 1430. Comptes Hôp. AC). «Une epaula de fer pour un embossieur» (V Hérém. 1740. Reg. not. M 2/23. AC). 11. Èpl du sofyè, bec du soufflet de forge (N Sav., var. Mont. Jaq.). 12. Goulot d’une fontaine, bout de tuyau perpendiculaire à la colonne (V Isér., Nend., Vernam., Évol., Haud., Ann., N Sagne, B Lamb.; anc. Vd, V, F, N XVIIe s., J 1559); synon. sous bòrn 2o 3. «Laz espoulaz ferri posita in aqua Burgi» (Vd Laus. 1397. Comptes, AVL, D 215. AC). «Pro duabus canalibus [cf. chenal] et una espoula ferri tam in capra [cf. chèvre 7o] quam eys aujoz [auge 1o 3] dicte aque» (Vd Laus. 1410. Ib.). «Por une espoule de fert qui porte l’ague dy le bornel ou noct [bassin]» (F 1424. Comptes Hôp. AC). «Pour IX espoules de couvroz pour le dit bornel» (F 1432. Comptes Trés. 59. AC). «Pour crestrez l’espoule du bornel» (Vd Grandson 1432. Comptes. Ac). «Pro les branches ferri que tenent dictam epoulaz dicti bornelli» (F Estav. 1454. Comptes gouv. 17. Ac). «Reparer les espoules de fert des deux aujoz des chievres de l’aigue de la fontanne» (Vd Orbe 1471. Comptes. Ac). «Pour avoir portez des lient a Baisle a fondeur de letton pour les deux espeules de la fontainne» (J Porr. 1559. S. jur. Ém. 1951, 116). L’ëfla lə zlè oun pou [pur] byó ré [cf. rai] d’évə, le tuyau laisse échapper un beau jet (V Haud.). Brè in l’èfla, boire au goulot (V Pains., var. Isér.). Fó jamyë bèirə ḗpva, oun pórèi trakā dè fyḕt [filets], il ne faut jamais boire au goulot, on pourrait avaler des gordiens (V Isér.). ‖ Par méton. Jet qui sort du goulot: Iy è·n vìn·n ou·n èfla, na bèl èfla, litt. il en vient une (belle) è. (V Haud.). No [nous] vìn na bla epla d’évə, même sens (V Vernam.). Synon. anche 3o, èpòlta 4o. 13. Colonne de la fontaine, par laquelle l’eau monte jusqu’au goulot (V Grône): Epla dou bé [cf. bè 1o]; synon. anche 2o, born 2o 2, chèvre 7o, colonne 5o. 14. Conduite d’eau, tuyau généralt en bois amenant l’eau à une fontaine (V Nend., Hérém., Évol., Haud., B; anc. B). «Faire avenir l’eau par une espeule particulière depuis la source» (B Courtelary 1682. Arch. Bourg. 72, 407). Eflè in bè, in fè, tuyaux de fontaine en bois, en fer (V Haud.). Épœl də brəné [fontaine, cf. bòrn 3o] (B Mall., var. Saic.). Épl də brnè ò tar [en terre] (B Saic.). Lèj eflè dóou bòrnè lè cho·n chòpyè, les tuyaux de la fontaine sont bouchés (V Évol.). ‖ Tuyau d’écoulement du bassin (V Isér.). ‖ Tuyau de pompe (J Pomm.). 15. Tuyau de poêle, de cuisinière (V Conth., J Bois). È m’ā tchè su lè tḗt in·n ḗpl də fin·na, un tuyau de poêle m’est tombé sur la tête (J Bois). 16. Tuyau de pipe (B Plagne): Bay mə é·n brtchéy [cf. brtchy] də tchṑsat pòr débṓtchiə mə·n épl də pip, donne‑moi une aiguille à tricoter pour déboucher mon tuyau de pipe. 17. Sarbacane (V Voll., B Mall.). 18. Canon de fusil (V Hérém., Évol.; J Fches‑M. XVIIIe s.). «Une vieille espeule de fusil» (J Noirmont 1713. Cris et montes Fches‑M. I, 257. AAEB). Èfla doou fouzi (V Évol. Jqn.). ‖ Vieux fusil, mauvais fusil (J Sépr.): I n vorō [voudrais] p tiriə èvō stə véy épl! je n’oserais pas tirer avec cette vieille è.!
Du germ. *spôla; FEW, XVII, 183 b. Le mot, attesté surtout dans l’est du domaine gallo‑roman, ne subsiste en fr. que dans la langue technique, sous la forme espo(u)le et au sens de «fil de trame»; Grd Larousse encycl., Lexis. — Cf. chpl, épól, èpòlta, épol, ḗpoul, époulə, espolioz, spielette. Voi.